Les Appels nocturnes, fragment 20.
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N.B. Je rappelle qu’il me paraît souhaitable (- mais en suis-je vraiment sûr ?) de prendre connaissance de ces « appels » dans l’ordre de leur rédaction, donc en commençant par les premiers (1 à 4) puis en suivant, si on le désire, leur ordre numérique.
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Voici quatre articles (« de foi ») auxquels j’aimerais bien accorder du crédit. Est-ce que pour autant « j’y crois », ou que « je les crois » ? J’ai dit, dans un autre de ces Appels [1], ma retenue à l’égard de l’idée de croyance.
En ce sens, je ne crois pas que j’y croie – si toutefois il se pouvait que la chose fût aussi simple. Mais je voudrais m’acheminer vers leur confiance. Voici :
1 . La traversée de la mort donne accès à un ordre de réalité dont ne peut rendre compte aucune idée, mais qui n’équivaut pas au néant. Il ne se figure que dans un mode poétique ou mythique, par exemple comme « royaume des cieux » [2].
2 . Dans cet ordre, persistent des points de singularité à quoi fait écho le mot « âme ».
3 . Il n’est pas une éternité immobile. Il connaît des mouvements [3].
4 . L’un de ces mouvements est l’appel à être qui court entre les points de singularité (« âmes ») et des corps, qui ne sont pas ceux d’avant la mort puisqu’ils ont été dispersés, mais des corps à venir [4], où les âmes rencontrent une grande splendeur. Des mythes figurent cet appel comme « résurrection ».
Sans accorder aucun crédit littéral à chacune de ces formules, je voudrais être conduit à les rejoindre, ou au moins les suivre [5], par mon étrange foi (incroyante).
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[1]Les Appels nocturnes, 14-17
[2] Ou : république (des cieux) ?
[3] Selon nos critères de rangement, il y a du désordre dans cet ordre-là.
[4] Il y a donc de l’à venir. De même que les mouvements configurent une forme d’espace, il se trouve là une sorte de temps.
[5] Nachfolge.