05. 03. 2016
La mobilisation pour la défense de droits démocratiques et sociaux, à laquelle je souscris, me paraîtrait plus pleinement juste et, au sens kantien, plus enthousiasmante si elle montrait sa solidarité, concrète et pratique, avec ceux et celles qui ne jouissent pas de ces droits. La défense du droit du travail, à laquelle je souscris sincèrement et sans réserve (il m’a suffi, pour lever toute hésitation, d’écouter avec attention et sans préjugé un économiste – de Toulouse – défendant le point de vue du patronat), me semblerait plus indiscutable si elle affirmait son lien avec la défense des droits des sans travail – et des autres, droits des sans-droits : sans travail, sans papiers, sans recours, sans demeure, sur « notre » sol ou à distance, contenus derrière des clôtures continentales ou des barrières méta-continentales internes aux continents – telle cette grande frontière nord-sud qui mure le cœur du Nord autant que ses rivages. Ou, pour être encore plus explicite, si la défense des CDI, des 35 heures, des journées de repos, des indemnités de licenciements, à laquelle je souscris (car entre un certain cynisme grand-patronal et la générosité militante mon coeur et mon esprit ne balancent pas), s’accompagnait d’une fraternité visible avec celles et ceux qui ne connaissent ni CDI ni 35 heures – chômeurs bien sûr, mais aussi Grecs bafoués, Maliennes misérables, enfants syriens martyrs, Lybiens et Afghanes refoulés ou pourchassés, ou encore Chinois et Indiennes surexploités pour produire à bas prix les objets de notre confort. Hommes, femmes et enfants. J’y souscrirais avec aussi peu de réserves, mais avec plus de joie, et peut-être même, à vrai dire, un peu plus d’engagement.
La sortie des impasses politiques de l’heure ne s’ouvrira qu’à cette condition : solidarité, combats pour les autres au moins autant que pour soi.
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