En vérité, ce nouveau site, tel que je le conçois, est une sorte de machine littéraire, une machine éditoriale.
Bien sûr, il continue de tenir son rôle d’information. Il ne m’est pas indifférent qu’on puisse savoir, d’où qu’on le consulte, quelles seront mes prochaines interventions publiques. J’ai constaté depuis des années cette fonction irremplaçable pour maintenir (ou nouer) le contact avec des amis connus ou inconnus. C’est très précieux, très nécessaire.
Mais deux autres fonctions deviennent centrales. D’une part (machine d’édition), j’ai entrepris de republier ici des ouvrages devenus introuvables. Bientôt seront disponibles, en accès libre, tous les livres qu’on ne peut pas dénicher ou commander dans l’édition papier. Et voilà que s’y associe l’édition originale de textes récents – le tout commençant à faire une bibliothèque non négligeable. Emporté par l’élan, je me fixe comme règle de ne livrer ces écrits au’en y adjoignant une préface, parfois des notes, pour les situer dans leur contexte initial, et m’interroger sur leur portée présente, voire future. S’y joignent maintenant d’autres écrits récents, comme des conférences. Machine d’édition.
Mais aussi machine littéraire, machine à écrire. Car ce site m’amène à reprendre l’ écriture d’un texte qui sans lui n’existerait pas : le « Journal public », où je réfléchis sur des questions qui nous prennent à la gorge. Expérience singulière, étrange – non par son contenu ou sa valeur, dont je n’ai pas à juger, mais par le lien qu’elle noue entre rédaction et publication, comme dans un journal (au sens éditorial du mot), ou comme les « Bloc-notes » qui ont marqué l’écriture dans le siècle. Singulière aussi, par le lien qui s’établit avec des lecteurs, assez nombreux, proches ou très lointains (à tous les sens du mot) qui font connaître leurs réactions, et nourrissent ainsi la pensée. Machine à écrire.
C’est sans doute bien ambitieux, peut-être rêveur. Nous verrons.