17.10.2022

(Une pensée pour Alexis Leprince)

J’aime Balotelli. Rarement consommateur du spectacle des sports, en particulier télévisé, aujourd’hui j’aime Balotelli. Pourquoi ?

D’abord, il est italien. J’ai beaucoup d’affection pour de nombreux aspects de la culture et de la vie italiennes.

Ensuite, il est noir. Je suis heureux de voir un Noir figurer l’énergie et la vitalité italiennes, d’autant qu’il a été l’objet de nombreuses insultes racistes.

Mais cela ne suffit pas à motiver ma déclaration. Il y a autre chose, que voici. Le 15 ou 16 octobre, il a été l’auteur d’un but remarquable dans son équipe actuellement suisse, Sion, opposée à Lucerne [1]. Ce but, tiré de très loin, et propulsé selon La Repubblica à une vitesse de 102 km/h, a pénétré dans les filets à l’angle supérieur, sur la droite du gardien adverse. C’est bien, mais alors ?

On voit ce but dans une vidéo publiée par le même journal, qui montre aussi la réaction de Balotelli sous l’ovation de la foule. Il ne se jette pas au sol en larmes. Il ne court pas sur tout le terrain en portant deux partenaires accrochés à ses épaules. Il ne lève pas un bras vengeur en hurlant, le visage défiguré par le cri de victoire – ce qui lui est, je suppose, arrivé ailleurs. Cette fois Balotelli marche tranquillement sur le gazon, avec sa dégaine de grand escogriffe noir bienveillant, ouvrant ses deux bras comme on accueille un ami chez soi, la face calme et légèrement farceuse, semblant dire : eh voilà. C’est fait. Ou bien : vous voyez, ce n’est pas si compliqué. Avec un sourire infime.

C’est sans doute aussi un effet d’image, et peut-être le gaillard s’est-il montré détestable en d’autres circonstances. Je l’ignore, consommant très peu le spectacle sportif. Mais aujourd’hui, j’aime Balotelli.

*

[1] La Repubblica indique le 16/10 qu’« après les difficultés vécues à l’Adana Demispor, équipe turque entraînée par Vincenzo Montella, Mario Balotelli traverse une période excellente en Suisse, sous le maillot de Sion. »